Intégrer l’économie circulaire dans les entreprises (Part I) – Sandrine Hosti
S’inspirer de la nature
Au début des années 2010, en France, le terme d’économie circulaire n’avait pas encore fait son apparition en tant que phénomène économique tel qu’on le connait aujourd’hui.
Quand j’abordais ce sujet avec mes élèves de master spécialisé en management du développement durable, on parlait certes de cycle de vie des produits, d’éco-conception pour un produit fabriqué à partir de plastique recyclé, d’écologie industrielle quand on réussissait à mettre en place une mutualisation d’approvisionnement avec l’entreprise voisine ou encore de recyclage quand on imaginait nos bouteilles d’eau transformées en pull, avec toutefois certaines limites. Sortir du schéma linéaire « extraction-production- consommation-déchets » et passer d’un modèle de réduction d’impact à un modèle de création de boucles de valeur positives sur un plan social, économique et environnemental à chaque utilisation ou réutilisation de la matière ou du produit avant sa destruction finale, en s’inspirant finalement de la nature qui ne produit pas de déchets était de l’ordre de l’utopie. Les limites semblaient impossibles à franchir.
Il aura donc fallu quelques rapports sur les opportunités de l’économie circulaire pour attirer l’attention :
• La commission européenne estime que l’application des principes de l’économie circulaire est susceptible d’engendrer 630 milliards d’euros d’économie par an pour l’industrie européenne, la création de 580 000 emplois, l’augmentation du PIB de 3,9% et la réduction de la demande en ressources de 17 à 24% pour 2030.
• Un premier rapport de la fondation Ellen MacArthur estime quant à lui une réduction de 340 à 380 milliards de dollars d’économie nette en termes de dépense de matériaux au niveau européen dans le cadre de l’application d’un scénario de transition (progressif) et de 520 à 630 milliards par an pour un scénario « avancé ».
• Deux ans plus tard, un nouveau rapport de la même fondation montre qu’en adoptant les principes de l’économie circulaire, l’Europe peut réaliser 900 milliards d’euros de bénéfice net supplémentaires par rapport au modèle de développement linéaire traditionnel.
• Enfin, fin 2015, une étude du Club de Rome met en évidence, pour la France, sur un scénario basé sur l’augmentation de l’efficacité des matières, la création d’au moins 300 000 emplois et un effet de plus de 2% sur notre PIB.
On parle désormais de création de valeur partagée, de création d’impacts positifs, d’innovation responsable, augmentant compétitivité et performance de l’entreprise. Toutes les dimensions de la responsabilité sociétale sont sollicitées : la réduction des dépendances aux matériaux donne un espoir sur l’alternative à la finitude de nos ressources, l’application de certains principes de l’économie circulaire créateurs d’emplois, – et souvent d’emplois locaux – annonce la réponse à certains enjeux sociaux et sociétaux et l’intégration de business models plus inclusifs donne l’espoir d’une dimension solidaire accrue.
Sandrine Hosti