La résilience de l’entreprise dans un monde en mutation – William Monlouis-Félicite
Le modèle de la résilience renvoie aux théories de l’adaptation et répond à la complexité du monde actuel. Il nous renvoie à la nécessité de mieux comprendre la manière dont l’organisation favorise ou non l’adaptation…
Mot emprunté initialement à la physique pour expliquer les résistances des matériaux aux chocs, ce concept s’est élargi dans un premier temps au domaine de la psychologie humaine. On retiendra cette définition commune posée par quatre experts de la question : Michel Manciaux, Stefan Vanistendael, Jacques Lecomte, Boris Cyrulnik (2001) : « La résilience est la capacité d’une personne ou d’un groupe à se développer bien, à continuer à se projeter dans l’avenir en dépit d’événements déstabilisants, de conditions de vie difficiles, de traumatismes parfois sévères » n.1.
Le concept de résilience s’est étendu et à évoluer en s’appliquant à plusieurs domaines. La résilience ne concerne pas seulement l’individu, mais peut-être appliquée à un groupe, voire à une organisation. « La résilience est la capacité d’une personne ou d’un groupe à se développer bien, à continuer à se projeter dans l’avenir en dépit d’événements déstabilisants, de conditions de vie difficiles, de traumatismes parfois sévères. » (Michel Manciaux, 2001) n.2
Le modèle de la résilience renvoie aux théories de l’adaptation et répond à la complexité du monde actuel. Il nous renvoie à la nécessité de mieux comprendre la manière dont l’organisation favorise ou non l’adaptation (Tsui et Asford, 1994 n.3)
En ce qui concerne le niveau d’adaptabilité il peut dépendre de plusieurs éléments dont le contexte dans lequel évolue l’individu, les interactions avec son environnement (Koninckx, G., & Teneau, G. , 2010 n.4)
« La résilience, c’est la capacité de retomber sur ses pieds, de garder le cap, d’assurer la pérennité d’un organisme ou d’une société, le maintien d’une certaine permanence dans un environnement turbulent. » (Alain Richemond, 2003 n.5)
Stefan Vanistendael 6 (2000) en donne une définition pragmatique qui serait que la résilience est la capacité d’une personne ou d’un groupe à surmonter de grandes difficultés et de grandir à travers ou avec eux d’une manière positive. Cette capacité peut être latente ou visible, et est jamais absolue ; elle est toujours variable et est construite dans un processus d’interaction avec l’environnement
La résilience peut donc être vue comme la capacité d’anticiper une perturbation, d’y résister en s’adaptant, en vue d’y retrouver un équilibre a priori celui de l’état d’avant (Madni, 20077).
Les nombreux concepts qui ressortent des définitions de résilience organisationnelle sont la connaissance de l’environnement, le niveau de préparation, l’anticipation des perturbations, la capacité de déploiement des ressources, le degré d’adaptation, la capacité de rétablissement, etc. (McManus et al., 20088)
Robert, B., Hémond, Y., & Yan, G. (2010) n.9 évoquent la définition de la résilience donnée dans le cadre de la démarche gouvernementale visant à accroître la résilience des systèmes essentiels au Québec (Organisation de la sécurité civile du Québec (OSCQ)).
Les trois concepts clés de cette définition sont les suivants :
« système » : l’organisation est vue selon une approche système;
« malgré des perturbations ou des défaillances » : une acceptabilité et une caractérisation des perturbations, voire des défaillances, du système sont nécessaires;
« capacité […] à maintenir ou à rétablir » : devant des perturbations, le système adapte ses modes de gestion pour être plus résilient.
Si la question des facteurs reste fondamentale pour comprendre le phénomène de résilience la notion de résilience stratégique permet de questionner les conditions de développement des capacités de résilience de l’organisation. « La résilience stratégique n’est pas la manière de répondre à une crise passée. Il ne s’agit pas de rebondir après un échec. Il s’agit d’anticiper et de s’ajuster continuellement à des trends séculaires qui peuvent en permanence détériorer la capacité d’une activité cœur de métier à générer des revenus. Ça concerne le fait d’avoir la capacité de changer avant que la nécessité de changer devienne une évidence », expliquent Gary Hamel et Liisa Välikangas10 – Elle apparaît être la capacité (habilité) à anticiper les changements qui concerne l’organisation et son business model (V Nilakant,S Ramnarayan, 2006 n.11)
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1 Michel Manciaux, Stefan Vanistendael, Jacques Lecomte, Boris Cyrulnik, la résilience : état des lieux, in Manciaux, cit Cyrulnik, B., & Duval, P. (2006). Psychanalyse et résilience. Odile Jacob, P. 83
2 Michel Manciaux, « La résilience. Un regard qui fait vivre », Études 2001/10 (Tome 395)
3 Tsui, A.S. et Ashford, S.J. ( 1994), “Adaptive selfregulation: a process view of managerial effectiveness”, Journal of Management, 20, 1, 93-121.
4 Koninckx, G., & Teneau, G. (2010). Résilience organisationnelle: rebondir face aux turbulences. De Boeck Supérieur.
5 Alain Richemond, La Résilience économique, Paris, Éd. d’Organisation, 2003.
6 VANISTENDAEL S. & LECOMTE J., Le bonheur est toujours possible : construire la résilience. Préface de Michel Manciaux, Paris, Bayard, 2000
7Madni, A. M. (2007). Designing for Resilience. ISTI Lectures Notes on Advanced Topics in Systems Engineering
8McManus, S., Seville, E., Vargo, J., & Brunsdon, D. (2008). Facilitated process for improving organizational resilience. Natural Hazards Review.
9Robert, B., Hémond, Y., & Yan, G. (2010). L’évaluation de la résilience organisationnelle. Télescope printemps, 131-153.
10Hamel, Gary and Valikangas, Lisa (2003), “The Quest for Resilience” Harvard Business Review, September 2003
11 Change Management: Altering Mindsets in A Global Context Par V Nilakant,S Ramnarayan, 2006 Sage Publications Pvt. Ltd (7 mars 2006) – Page 339